
© Dresden, je t’aime.
Etre une mère française en Allemagne ce n’est pas compliqué. C’est juste « bizarre ». Un « bizarre » qui fait rire autant qu’il désespère.
Ce billet fait suite à la lecture d’un article sur les mères allemandes récemment publié dans le magazine Causette (extraits). Plus que du fait d’être mère au foyer, le papier parle de la dévotion de ces mères et de croyances très fortes sur des thèmes tels que l’allaitement ou le recours à la péridurale.
L’Abécédaire que je vous propose ici est tiré de ma propre expérience & des échanges que j’ai eu avec une autre mère française vivant à Dresde.
A
Allaitement : Souhaitez-vous vraiment avoir à faire semblant quand à l’heure de la tétée, prête à dégainer votre biberon au milieu d’autres jeunes mères, vous vous apercevez soudainement que vous êtes la seule à ne pas allaiter ?
B
Baby-massage : Élément incontournable de la panoplie du parfait bébé éveillé.
Bain de siège à base de fleur de foin : Pratique extrêmement dangereuse. Pour les seaux.
C
Chèvre : Odeur qui se dégagera de votre fils après lui avoir collé de la laine de chèvre aux fesses (avec le foin dedans c’est encore mieux).
Compresses imbibées de café fort : Sombre recommandation pour son périnée lors d’un cours de préparation à l’accouchement.
Congé parental d’une année : Luxe pour les françaises ; banalité pour les allemandes. « C’est pour la confiance en soi de l’enfant » qu’elles disent !
Couscous : Odeur qui se dégagera de votre fils après lui avoir administré un suppo au cumin.
Crèche : Oubliez ce projet machiavélique ! Malheureuse ! Vous ne pouviez pas vous en empêcher ! Il a fallu que vous visitiez les crèches avant même d’avoir enfanté !
D
Delfi-kurs : Quoi ? on ne vous a pas dit ? Éveiller son enfant c’est la baaaase. Et c’est encore mieux s’il est tout nu.
E
Endive : Dois-je vraiment vous raconter que la veille de mon accouchement j’ai rêvé que j’étais déclenchée avec une endive ?!
F
Farine : Comment ça ? vous cherchez à épaissir le lait de votre enfant pour qu’il fasse ses nuits ? Mais quel horrible tortionnaire êtes-vous ? « C‘est normal qu’un bébé demande la nuit jusqu’à ses 3 ans 6 mois »
Fromage blanc : Celui que vous vous collerez sur les seins en cas d’inflammation. Je vous vois venir…on ne mange pas le fromage blanc qu’on a sur les seins !
H
Homéopathie : voire Médecine allemande.
K
Kindercafé (café pour enfant) : Enfer pour les mères qui n’aiment pas les enfants des autres.
Kinderheft : Carnet de santé triste.
L
Lait maternel : Aussi idéal pour faire la vaisselle, nettoyer les carreaux.
M
Médecine allemande : médecine Hippie
O
Ouiiiii : Ce que vous devrez crier pendant la délivrance parce que crier Noooon « c’est comme si vous disiez non au bébé et que vous refusiez son arrivée » poinpoinpoinpoinnnn
P
Péridurale : L’AVEZ-VOUS MÉRITÉE ? Car oui ici on semble la donner « au mérite ». Alors quand le médecin s’empressera de vous dire « Ici, on est pas en France, on ne donne pas la péridurale comme ça » (Comme ça …? comme ça… ? ah parce qu’il faut un diplôme ?) ou que cette sage-femme vous dira béatement « Ce serait dommage (de vous donner la péridurale), vous travaillez si bien » (je vous parlais de diplôme ?), SOURIEZ ! ou fabriquez deux poupées vaudou !
Pekip : version praguoise de « J’élève mon enfant » de Monique Ranou Laurence Pernoud.
Père allemand : piège à filles (oui, il est largement connu et reconnu qu’un père qui s’occupe de son petit-bébé-trop-mignon dans l’espace public est un piège à filles)
S
Sachets de thé noir : ceux que vous collerez aussi aux fesses de votre bébé si ce dernier sent trop la chèvre pour soigner son érythème.
Salle d’attente du pédiatre : voire Kindercafé
Salle d’accouchement : chambre à coucher ultra moche dans laquelle vous souffrirez le martyr et entendrez votre voisine souffrir le martyr.
Pour finir je vous propose quelques passages truculents de l’article de Marion Rousset publié dans Causette :
« Quand j’ai expliqué que j’avais très mal à chaque tétée, elle (la sage-femme) m’a dit « Si ton sein est bouché, c’est que ton âme est bouchée »
« […] je pleurais, le bébé pleurait, mais j’étais la plus heureuse »
« Sans péridurale, on se souvient de son accouchement comme d’une explosion d’amour »
« Les femmes qui s’en passent (de la péridurale) sentent bien les mouvements du bébé. Chez elles, l’allaitement se passe mieux, l’instinct maternel est intensifié et le sens de la responsabilité plus profond. »
Je dédie ce billet
A Waltraud qui en plus d’être belle et d’avoir une merveilleuse garde-robe est la plus formidable des sage-femmes,
A Pauline, une « très bonne » mère française,
A Eliott, le plus fantastique des bébés.
C’est à vous ! Est-ce que cet abécédaire vous rappelle votre propre expérience ou celle de proches ? Si oui, en quoi ?